Ecomorphismes (2023)

Avec son exposition Ecomorphismes, Emy G. St-Laurent nous plonge dans un écosystème coloré et complexe peuplé d’organismes hybrides possédant des caractéristiques tant animales que végétales. S’intéressant depuis son plus jeune âge à la nature et pratiquant une observation minutieuse de celle-ci, elle développe son propre environnement textile foisonnant inspiré par les études de la biologie. Ces chimères font ensuite elles-mêmes l’objet d’une analyse rigoureuse à travers une production picturale figurative réaliste. D’œuvre en œuvre se dessine ainsi une étrange généalogie faite d’interconnexions formelles entre les êtres bidimensionnels et tridimensionnels qui composent le corpus. Ce projet réalisé dans le cadre des études à la maîtrise de l’artiste vise à incarner une ode à la richesse du vivant et au plaisir de sa découverte.

-Laurie Boivin, Centre D’Art Actuel Bang

Crédits photos: Emy G. St-Laurent, 2023 (images 1 à 6 et 11 à 14), et Paul Cimon, 2024 (images 7 à 10)

Amphibie (2022)

Projet réalisé en collaboration avec Catherine Arsenault.

Toutes deux passionnées de biologie et intéressées aux limites entre la réalité et la fiction, nous unissons nos pratiques et nos expertises dans la réalisation d’Amphibie, un projet de recherche-création axé sur les liens entre la biologie marine et humaine. Par l’exploration de ces thématiques, nous concevons de nouvelles formes hybrides à la fois issues du domaine imaginaire et du territoire nord-côtier: « À quoi ressemblerait un corps ayant des propriétés d’un oursin? Comment s’adapterait un humain qui vivrait au plus profond du fleuve St-Laurent? » Alors que nous adoptons habituellement une posture d’observatrice, Amphibie nous pousse à nous interroger sur notre place au sein de cet écosystème, en plus d’amorcer une réflexion sur notre rapport à notre propre corps. 

Site web de l’artiste Catherine Arsenault: https://www.catherinearsenault.com/

Crédit photo: Camille Charette-Gagné 2022

Nuées (2021)

Le projet “Nuées” a reçu le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dans le cadre du programme de partenariat territorial de la Côte-Nord.

Ce partenariat entre l’artiste et le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) vise à générer une curiosité positive du public face au monde entomologique nord-côtier et à souligner son importance vitale dans nos écosystèmes. Pour ce faire, le projet misera sur l’union de l’art et la science en les mettant l’un au service de l’autre: la recherche scientifique inspire, informe et fournit la matière brute à la pratique artistique, qui de son côté vulgarise de manière poétique pour capter un public parfois plus sensible à l’approche culturelle.

En un premier temps, le projet a pris la forme de stages de recherche au sein du CEDFOB. Mentorée par Ève-Catherine Desjardins, docteure en entomologie, l’artiste a pu mettre en banque expériences, inspirants et découvertes menant à la réalisation d’un corpus d’oeuvres picturales. Ces oeuvres voyageront sur la Côte-Nord au cours de l’an 2022 grâce à la Virée de la Culture du centre Panache Art Actuel de Sept-Îles ainsi qu’au Cégep de Baie-Comeau, avant de finalement accueillir les visiteurs du nouveau pavillon du centre, dont l’inauguration est prévue pour 2023.  

Crédit photo: Claude Labrèche-Lemay (2021)

Imaginaire perdu (2021)

Ce corpus explore les paysages mentaux de la nostalgie et la plasticité de la mémoire. Plus nos souvenirs sont lointains et enchevêtrés, plus ils se retrouvent romancés par la mémoire sélective, tel un amas de fichiers corrompus (mais réconfortants). L’hybridité des souvenirs réels et imaginaires caractérise particulièrement bien l’univers mnésique que je conserve de ma propre enfance. Ici, j’ai choisi divers objets agissant comme artéfacts de cette période de plus en plus lointaine pour ancrer l’idée qu’il m’en reste dans ma nostalgie actuelle.
Peut-on être nostalgique de quelque chose que l’on a pas réellement vécu, ou vécu en imagination seulement ? Peut-on dire que la nostalgie agit comme mécanisme de défense face à l’angoisse qui teinte notre idée du futur ? Quelle part de notre construction identitaire repose sur notre imaginaire d’enfant, nos élans nostalgiques ? De quelles expériences, a priori banales pour l’instant, serons-nous nostalgiques dans une décennie ? J’entrevois la figuration picturale comme support sensible à la nostalgie, et la temporalité associée à son exécution comme moment propice à l’introspection réflexive.

Quotidien mémétique (2020)

Ce projet part d’un désir d’appropriation de la sculpture et de l’abstraction dans ma pratique. De nombreux éléments abstraits entourant les figures sont en fait peints d’après de petites sculptures textiles. Réalisées au tout début du confinement iconique du printemps 2020, elles consistent en un amalgame de matières usagées, seuls matériaux à ma disposition. Ces éléments de recherche textile devinrent propices à différentes mises en espace, me mettant en scène avec d’autres objets plus identifiables choisis pour leurs qualités plastiques et leur potentiel nostalgique. La récurrence de certains items à travers les pièces de la série, les clins d’oeil à la crise sanitaire mondiale et l’inclusion de mes propres référents culturels confèrent à la série certaines qualités mémétiques que les titres laissent sous-entendre.

Paysages carnivores (2019)

Avec leurs parcours sinueux à travers la forêt, les routes 138 et 389 sont inévitablement le théâtre de confrontations entre la civilisation et la nature, souvent fatales pour les deux parties. C’est une peur typiquement nord-côtière de frapper un cervidé avec son véhicule en prenant la route après le coucher du soleil. Peu importe l’espèce, la vue d’une bête écrasée en bordure de route n’est également pas quelque chose de très plaisant pour la plupart des gens, tant après coup que dans le cœur de l’action. C’est malgré tout un élément omniprésent dans le paysage boréal. C’est l’idée de ce paysage, prédateur à sa façon, qui m’a inspiré le titre Paysages carnivores pour cette série montrant à grande échelle des détails d’animaux accidentés ( «roadkills» ).

Sans devenir abstraits, ils facilitent l’exercice de passer outre au sujet grâce au format de ses éléments et à leur composition. La facture visuelle et les nuances riches nous y font voir de grands paysages fictifs aux atmosphères chaudes et carnées. Le regardeur se retrouve ainsi devant une esthétisation des textures et des couleurs d’un sujet qui ne lui évoque habituellement aucune beauté, bien au contraire. Cet état contradictoire amène à questionner l’ambiguïté entre contemplation et répulsion, entre chairs alimentaires et chairs corporelles, entre l’interne et l’externe, entre le malaise acquis et son objectivité. La série rend en même temps compte des sacrifices nécessaires à une accessibilité du territoire nord-côtier pour ses habitants, un enjeu dont l’importance est difficile à cerner lorsque l’on est issu des grands centres.